L'histoire méconnue derrière
la carrière artistique de Violette Morris

© Gallica, BnF

On connaît bien mieux la scandaleuse et provocante Violette Morris pour ses exploits sportifs, sa carrière de pilote automobile, sa vie de lesbienne assumée… et surtout pour sa c0llab0ration notoire pendant la guerre. Mais saviez-vous qu’elle a aussi été artiste de cabaret ?

Dans les années 1920, Violette Morris est alors au sommet de sa gloire dans le monde sportif. Championne sur tous les fronts, elle est à la fois athlète, cycliste, footballeuse, pilote… Rien ne l’arrête. Pourtant, elle est exclue de la Fédération française sportive féminine et interdite de stade en 1930 – suite à ses nombreux scandales. Elle décide alors de se retirer pour ouvrir un magasin de pièces détachées pour voitures et s’embarque en parallèle, très curieusement, comme chanteuse au cabaret.

Il faut dire que ses relations ont pu aussi l’aider. Elle côtoie à cette période les milieux intellectuels et artistiques parisiens. Violette se lie d’ailleurs avec divers figures du spectacle, comme Joséphine Baker ou Yvonne de Bray, qui devient un temps sa compagne.

© Gallica, BnF

Durant les années 1930, elle fréquente les boîtes de nuits lesbiennes, à l’image du célèbre MonoclePuis, « Dame Morris » part se produire comme chanteuse lyrique dans plusieurs cabarets de la capitale, tels que le Poulailler ou le Caveau

La presse d’alors s’étonne de ses prestations scéniques où elle paraît en complet veston et pantalon. On dit également que sa voix est « nuancée » et « très menue » – contrastant avec son gabarit.

« Regardant l’affiche du Caveau de la place Clichy, on peut se demander si l’on rêve? Violette Morris chanteuse ? C’est bien vrai. Smoking. Fleur à la boutonnière. La voici. Et le public est déjà conquis… (…) La célèbre sportive possède une voix nuancée et puissante, qu’elle a raison de пе pas garder pour elle. (…) »

« Violette Morris », Le Petit Journal, 5 mai 1934, p. 6.

Paris-Soir, 25 octobre 1938, p. 8 - © Retronews, BnF

À ce jour, la seule chanson connue qu’a chanté Violette Morris (dont la partition a été retrouvée par la journaliste et documentaliste Catherine Gonnard)  n’est autre que : Gisèle Fleur d’Amour.

« Ô Gisèle, petite fleur d’amour

Ô Gisèle, toi qui m’a pris un jour

Sans cesse je rêve

De tes yeux doux

Et vers toi sans trève,

Vont mes désirs fous (…) »

Cette chanson d’amour est écrite au début des années 1930 par la chansonnière Denyse Luciani (très productive durant l’entre-deux-guerres), qui dédie cette dernière à la comédienne Gisèle de Ryeux, une des amantes dArletty. Une chanson aux sous-entendus lesbiens donc, de par son texte explicite : écrit par une femme pour une autre. Ainsi que par l’interprétation que doit sans doute donner, à l’époque, Violette Morris sur scène. Au temps où elle se produisait dans les cabarets de la capitale.

Écouter la chanson :

Dans ma poursuite de faire « ressusciter » des chansons qui ne furent jamais enregistrées à l’époque, je me suis pour cette fois-ci associée à Aliénor, une autrice-compositrice-interprète émergente. Avec son univers poétique et doux (rappelant par moment Nicole Louvier, Anne Sylvestre ou même Pomme), je me suis dis qu’elle serait parfaite pour réinterpréter à sa façon cette chanson.

Naïs Nolibos

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